Covid-19

Sud-Ouest du 25 juillet 2020

Sud-Ouest du 25 juillet 2020 

Le virus traqué jusque dans les eaux usées 

CORONAVIRUS La région a commencé à surveiller la présence du Sars-CoV-2 dans les eaux usées, pour anticiper un éventuel rebond de l’épidémie et localiser les sources de contamination

La surveillance des traces de Sars-CoV-2 dans les eaux usées du littoral de Nouvelle-Aquitaine a débuté. ARCHIVES JEAN-DANIEL CHOPIN/« SO » 

Un peu partout dans le monde, des traces de Covid-19 ont été trouvées dans les eaux usées. Selon les scientifiques, les surveiller pourrait aider à anticiper un rebond de l’épidémie. C’est pourquoi un Observatoire épidémiologique dans les eaux usées (Obépine) a été mis en place en France. 

En Nouvelle-Aquitaine, une déclinaison locale de cette surveillance est en fonction depuis la semaine dernière.

Devancer le virus 

Milan, Turin, Barcelone, Paris : dès le mois de janvier, le génome du Sars-Cov2, le virus responsable du Covid-19, a été observé dans les selles des patients. Depuis, diverses études ont montré que le suivi épidémiologique des eaux usées offrait un reflet de la circulation du coronavirus dans la population. Mieux, toute personne contaminée excrète des traces du virus dans ses selles avant de manifester les premiers symptômes de la maladie. Et cela vaut également pour les personnes asymptomatiques. 

Ce décalage, qui s’explique par la durée d’incubation de la maladie, offre un délai précieux. Partant de ce constat, des chercheurs français se sont regroupés au sein du projet Obépine afin de surveiller les concentrations de virus dans les eaux usées et ainsi détecter en avance la formation d’éventuels foyers épidémiques. Ce réseau s’étend peu à peu à l’ensemble du territoire, dont la Nouvelle-Aquitaine. 

Le littoral sous surveillance 

Jusqu’ici, la région a été très épargnée. Mais entre le relâchement de la vigilance et l’afflux de vacanciers, de nouveaux cas groupés (clusters) sont apparus ces dernières semaines et l’Agence régionale de santé (ARS) ne cesse de mettre en garde contre une « évolution inquiétante» de l’épidémie (lire cui-dessous). 

À l’initiative du Conseil régional, une déclinaison locale du projet Obépine a donc vu le jour. Elle vise à surveiller la concentration de coronavirus dans les eaux usées d’une vingtaine de stations d’épuration du littoral (voir ci-contre). Cette surveillance, prévue pour durer au moins trois mois à un rythme de deux analyses par semaine, a débuté le 16 juillet à La Rochelle et Châtelaillon-Plage (17). D’autres prélèvements ont suivi cette semaine dans les autres stations. 

Une ultracentrifugeuse 

Pour l’instant, le laboratoire Qualyse, qui possède quatre sites en Nouvelle-Aquitaine (Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Vienne et Corrèze), est le seul à s’être doté d’une ultracentrifugeuse et se charge des analyses pour l’ensemble du littoral de la région. « Contrairement aux tests réalisés pour dépister les personnes, qui permettent une extraction directe, pour l’eau, il faut préparer les échantillons, explique Pierre Charollais, directeur adjoint du laboratoire. Il faut pouvoir les centrifuger à 150 000 g, ce qui est énorme. Par exemple, lorsqu’on fait de la sérologie animale, on centrifuge à 1 500 g.» Mais Qualyse sera bientôt épaulé par le Laboratoire départemental d’analyse et de recherche de la Dordogne (LDAR24) et celui des Pyrénées et des Landes (LPL), qui ont signé le protocole Obépine. Aidés par la Région, ils seront équipés d’une ultracentrifugeuse