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GIRONDE VIGILANTE
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14 juin 2020

Eau

Sud-Ouest du 13 juin 2020 

De la pluie en abondance cette année mais… 

PÉNURIE Les nappes phréatiques sont remplies. Pourtant, le ministère de la Transition écologique identifiait le mois dernier une bonne trentaine de départements menacés de sécheresse

2020 06 13 pluieLes usages de la ressource eau par l’homme sont évalués à 37milliards dont 3,2 pour l’irrigation des cultures (8,6%). ARCHIVES LOÏC DEQUIER 

Allez parler de sécheresse à un habitant du sud de la Gironde ou de la Haute Lande, il risque de trouver la plaisanterie saumâtre. Le week-end du 10 mai, la région a essuyé à grand-peine la fureur des cieux. De paisibles rivières comme la Leyre et le Ciron se sont transformées en rapides rugissants, brunies par la terre arrachée aux berges. A la limite des deux départements de la Gironde et des Landes, il est tombé localement pas loin de 150 mm en l’espace de 36 heures, pratiquement deux mois de précipitations. Quelques jours plus tôt, le 7 mai, la Côte basque avait reçu 80 mm de pluie. À Agen, dans le Lot-et-Garonne, il a plu pratiquement tous les jours depuis le début du mois de juin. Bref, le paysage des champs calcinés par un soleil de feu ne semble franchement pas d’actualité. 

Une bonne recharge hivernale 

Rendu public par le Bureau de recherche géologique et minière (BRGM), le bulletin de situation au 1er juin se fait l’écho de ce ressenti. À ce stade, ni l’alimentation en eau potable, ni les prélèvements agricoles ne sont menacés: les nappes phréatiques qui enferment la ressource se portent bien. 

Plus que les épisodes furieux du mois de mai, ce sont les pluies abondantes de l’hiver qui ont permis leur recharge. Elle a été « nettement supérieure à la moyenne» dans l’Hexagone selon le BRGM. « En mai, la situation reste satisfaisante sur une grande partie du territoire où les niveaux sont toujours au-dessus des moyennes mensuelles », ajoutent les spécialistes qui relèvent «la situation remarquable » de l’ouest du bassin Adour-Garonne où les nappes ont bénéficié « d’apports exceptionnels » le mois dernier. 

Seulement voilà, tout le monde n’habite pas à Sore (Landes) ou à Belin-Béliet (Gironde). À deux semaines de l’été, le tableau est beaucoup moins favorable sur toute la partie orientale de la France. Du couloir rhodanien au sud à l’Alsace-Lorraine au nord, des contreforts du Massif central à ceux des Vosges, le ciel a été pingre. La météo médiocre des derniers jours ne change pas fondamentalement la donne. À cette époque de l’année, l’essentiel de ce qui tombe est capté par la végétation avant de s’infiltrer en profondeur. 

Des départements à risque 

Dans ce contexte, la publication des prévisions saisonnières de Météo France a semé quelques germes d’inquiétude le 28 mai dernier. L’établissement public envisage un été « plus chaud que la normale sur une bonne partie de la France et plus sec sur la moitié sud». Il prend bien soin de rappeler que ses modèles ne délivrent pas une vérité intangible et que le scénario reste prudemment probabiliste. Mais il souligne aussi que «les successions de printemps et d’étés chauds ces dernières années sont en lien avec le réchauffement climatique». Ce qui implique que les épisodes de sécheresse et de canicule vont revenir avec une fréquence plus soutenue. À l’été 2019, la piqûre de rappel a été douloureuse. Selon le ministère de la Transition écologique, la population de 13 départements a alors subi des ruptures d’approvisionnement de longue durée, jusqu’à cent jours en Ariège et en Haute-Saône. 

Le nord-est de la Nouvelle-Aquitaine n’a pas été épargné. À Guéret, la préfecture de la Creuse, on a frôlé la panne sèche au robinet avant que les cieux ne crèvent en toute fin d’été. En de nombreux endroits, les cultures ont rabougri sur pied et le bétail n’avait pas le moindre brin d’herbe à ruminer. 

35 départements à risque 

Les pouvoirs publics sont bien conscients des risques. À la mi-mai, Emmanuelle Wargon, la secrétaire d’État à la Transition écologique, a réuni le comité national de l’eau pour anticiper les difficultés qui se profilent. 35 départements étaient alors menacés. Pour 11 d’entre eux, le risque de sécheresse cet été était considéré «très probable ». Pour les 24 autres, il était « probable ». Les départements du nord-est de la Nouvelle-Aquitaine entrent dans cette catégorie : la Corrèze, la Vienne, la Haute-Vienne et la Creuse. Pour la Charente et la Dordogne, on parlait il y a un mois de sécheresse «possible ». 

Au 10 juin, des arrêtés qui posent des restrictions dans l’usage de l’eau étaient déjà en cours dans 12 départements, dont la Charente. Sauf été pourri, ils ont toutes les chances de fleurir dans les semaines à venir…

2020 06 13 pluie 2

Sud-Ouest du 13 juin 2020 

« Les irrigants sont trop souvent dans le déni» 

LOÏC PRUD’HOMME Le député girondin présidait une mission d’information de l’Assemblée nationale dont le rapport met en garde contre les conflits d’usage de l’eau qui risquent de prospérer, notamment en Adour-Garonne

2020 06 13 irrigants 

"La mission d’information parlementaire sur «la gestion des conflits d’usage en situation de pénurie d’eau » a rendu son rapport le 4 juin. La mission était présidée par le député (LFI) de Gironde Loïc Prud’homme. La rapporteure en était la députée (EDS) de Charente-Maritime Frédérique Tuffnell. 

«Sud Ouest» Pourquoi faut-il se pencher sur les différents usages de l’eau ? 

Loïc Prud’homme L’été 2019 a été catastrophique. Il nous a démontré une fois encore que le changement climatique, ce n’est pas demain, c’est aujourd’hui. On ne peut pas rester les bras ballants en attendant qu’une telle situation se reproduise. Si rien n’est fait, on va aller vers des conflits durs. On l’a vu dans le département de l’Indre avec une situation très tendue entre les besoins des irrigants et les nécessités de l’approvisionnement en eau potable. Et à Vittel (Vosges) où les prélèvements dans la nappe souterraine opposent une multinationale, Nestlé, propriétaire de la marque Vittel, à des abonnés au réseau d’eau potable."...

2020_06_13_SO_Les_irrigants_sont_trop_souvent_dans_le_déni

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