Coronavirus

Sud-Ouest du 11 avril 2020 

Un plateau dans l’évolution de l’épidémie, mais... 

BILAN DE L’ÉPIDÉMIE Un léger ralentissement de sa progression se dessine, malgré un nombre de morts élevé

24 patients d’Ile-de-France sont arrivés en TGV médicalisé à Bordeaux, hier. PHOTO F. COTTEREAU/« SUD OUEST » 

On avance le mot de « plateau ». Le Premier ministre Édouard Philippe l’a prononcé devant les députés, mercredi, à l’Assemblée nationale. Le directeur général de la Santé, le Pr. Jérôme Salomon l’a lâché, avec la même prudence jeudi lors du bilan quotidien sur l’avancée de l’épidémie. Et hier, en conférence de presse régionale, Michel Laforcade directeur général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, s’y est attardé. 

1 Nombre de lits , baromètre déterminant 

Le « plateau », c’est quoi dans cette crise du Covid-19 ? « C’est ce que dessine la courbe des chiffres de personnes hospitalisées en service de réanimation. Pour prendre ceux de la NouvelleAquitaine : lundi, on comptait 243 patients en soins intensifs, mardi, 247, mercredi, 243, jeudi, 242 et ce vendredi, 241. La courbe n’affiche pas une baisse significative, mais une certaine stabilité sur plusieurs jours », a expliqué Michel Laforcade. Au niveau national, ce sont 7 004 patients qui sont encore en réanimation, avec pour le deuxième jour consécutif un solde légèrement négatif. 

Et cette variable est un baromètre important pour les services de santé, qui redoutent l’incapacité, à un moment donné, d’accueillir les malades les plus sérieux, en insuffisance respiratoire. Le plateau est... une respiration. Pas de fausse joie pour autant. Il n’est pas exclu que la courbe reparte à la hausse, et tant qu’elle n’aura pas fléchi de manière durable, la prudence est la règle. Le confinement, le mot d’ordre. D’autant que le bilan quotidien de morts du Covid-19 a été hier particulièrement lourd (lire ci-dessus). 

La Nouvelle-Aquitaine, l’une des deux régions les moins impactées par le Covid-19, ne s’est-elle pas exposée à une insuffisance de ses capacités d’accueil en réanimation en prenant en charge 129 patients du Grand-Est et d’Ile-de-France ? « C’est une question légitime, et la réponse est : non. Nous avions une capacité initiale de 400 places que les établissements publics et privés se sont employés à augmenter jusqu’à 691. Aujourd’hui, nous avons une disponibilité de 256 places », souligne Michel Laforcade. 

2 Le dépistage systématique dans les Ehpad arrive 

En Ile-de-France 400 Ehpad soit, 60 % des établissements, sont concernés par le Covid-19. En Nouvelle-Aquitaine, le pourcentage tombe à 15 %, à savoir 140 établissements sur 898. 

« Le dépistage systématique dès qu’un cas est suspecté dans ces Ehpad se met en place. Il l’est déjà en Charente-Maritime, Charente, Creuse, Corrèze, HauteVienne et Landes. Les autres départements s’organisent. Ce dispositif ne peut reposer que sur des mobilisations de laboratoires départementaux et laboratoires privés. On a besoin d’acteurs de prélèvement et d’analyse », a martelé le directeur de l’ARS. 

À noter que les tests de dépistage (par prélèvement nasal) ont été également étendus aux détenus et personnels pénitentiaires. Quant au dépistage généralisé au moment du déconfinement, il est à l’étude. Ici c’est l’approche sérologique (par tests sanguins), permettant de savoir si la personne est immunisée ou non, qui serait privilégiée. 

3 Sept millions de masques distribués cette semaine 

La pression sur les masques (en particulier chirurgicaux, car les FFP2 continuent de manquer) vient d’avoir en Nouvelle-Aquitaine, une bouffée d’air avec la livraison de 7 millions d’équipements dont 2,85 millions achetés par la Région, les 12 départements et des communautés d’agglomération, 2,9 millions de l’État, ainsi que 400 000 issus de dons. Fait nouveau, si les personnels hospitaliers ont été prioritaires, la distribution a concerné aussi les personnels des Ehpad, les médecins de ville, les pharmaciens, les aides à domicile, et même des personnels d’entreprises de transport.