Coronavirus
Sud-Ouest du 31 mars 2020
En France, le seuil des 3 000 décès est franchi
BILAN DU JOUR La France déplore désormais 3 024 décès dus au coronavirus. Et ce chiffre ne prend en compte que les statistiques hospitalières
C’est avec une triste météo, digne du mois de novembre que la barre des 3000 décès dus au coronavirus a été dépassée hier en France avec 3024 victimes depuis le 1er mars. Et cette statistique ne prend en compte que le recensement hospitalier. Le bilan sera donc certainement plus lourd une fois établi un décompte plus large, notamment dans les Ehpad. Mais il faut aussi noter que 7924 patients sont sortis guéris de l’hôpital.
418 décès ont été enregistrés dans les dernières 24 heures, a précisé Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, au cours de son point presse du soir. C’est la plus forte augmentation en nombre sur une journée depuis le début de l’épidémie et cela n’a rien d’étonnant puisque nous sommes dans la phase ascendante de l’épidémie.
Le nombre total de personnes hospitalisées frôle désormais les 21000 (+1 592 depuis dimanche) dont un très fort afflux de cas lourds en réanimation (+ 424). 5 107 cas sont précisément en réanimation, a précisé Jérôme Salomon, soit une augmentation de 475 en 24 heures.
« Une épidémie meurtrière »
Parmi ces patients, 34 % ont moins de 60 ans, 59 % ont entre 60 et 80 ans. « Nous faisons face à une épidémie inédite, entraînant un impact sans précédent sur les établissements de santé, assure Jérôme Salomon. Il s’agit d’une épidémie sévère, meurtrière, d’un virus très contagieux avec une diffusion rapide. »
Interrogé sur le sujet, le directeur général de la Santé a rappelé qu’un lit en réanimation égale toute une équipe autour avec des moyens techniques importants. « Avant l’épidémie, nous dispositions de 5000 lits en réanimation en France. Avec la réorganisation des services, nous en comptons aujourd’hui 8000 et le but est de parvenir à 10 000. »
Comme il le fait avec méthode à chaque point presse, Jérôme Salomon a rendu hommage à la mobilisation du personnel soignant et a insisté sur la nécessité absolue du confinement chez soi pour empêcher la circulation et la propagation du virus. Autre information, la montée en puissance des tests, avec 20 000 effectués chaque jour, et l’essai européen Discovery qui a débuté. « Les premiers résultats seront bientôt communiqués », a annoncé Jérôme Salomon.
Île-de-France : 954 décès
L’Ile-de-France reste la région la plus touchée avec 954 décès en milieu hospitalier et 7689 personnes hospitalisées, juste devant Grand Est avec 919 décès.
L’épidémie poursuit par ailleurs sa progression en Nouvelle-Aquitaine avec 88 nouveaux cas confirmés, recensés par Santé publique France le 29 mars. Le nombre de cas confirmés s’élève donc à 1 608 depuis le début de l’épidémie. 658 personnes sont actuellement hospitalisées dont 182 personnes en réanimation ou en soins intensifs.
Depuis le début de l’épidémie en Nouvelle-Aquitaine, on déplore 72 décès parmi les personnes hospitalisées. Mais 277 personnes sont sorties guéries de l’hôpital.
Sud-Ouest du 31 mars 2020
«On répond présent autant que possible»
DÉFENSE L’hôpital militaire de Bordeaux a en charge dix patients du Grand Est. Or, une partie de son équipe de réanimation a aussi été envoyée en renfort à Mulhouse
Dix. C’est le nombre de malades du COVID-19 en provenance du Grand Est désormais pris en charge au sein de l’hôpital militaire Robert-Picqué de Bordeaux. Les trois premiers sont arrivés vendredi à bord d’un vol spécial affrété par le ministère de la Défense. En l’occurrence, un A330 équipé des modules Morphée, ces unités capables de transporter sur de longues distances des malades dans les conditions cliniques d’un hôpital. Les sept autres, âgés de 50 à 72 ans, ont été accueillis dimanche aprèsmidi à l’issue de leur transfert par TGV sanitaire. Ces sept patients faisaient partie du groupe des 24 malades arrivés en Gironde ce jour-là.
La Défense a d’ailleurs apporté son concours pour les acheminer vers les différents hôpitaux de la région. Ainsi, parmi les 24 ambulances mobilisées à la sortie de la gare Saint-Jean figuraient trois équipes d’urgentistes de l’armée avec leurs trois véhicules. La première venait de la base aérienne de Cazaux. Les deux autres du service de santé des forces spéciales du 13e RDP, le régiment de dragons parachutistes de Souge.
Des malades en état critique
Si le but de ces transferts est de soulager les hôpitaux du Grand Est, l’une des régions les plus touchées par l’épidémie, les patients soignés à Robert-Picqué sont dans un état critique. Une constante propre à tous les malades ayant quitté le Grand Est. Ces derniers ont en effet voyagé dans le coma. « Toutefois, précise le général Jacques Margery, le médecin-chef de Robert-Picqué, ils n’ont pas été plongés dans le coma pour ce transfert. Ils l’étaient avant. C’est pour eux le moyen de supporter une assistance respiratoire parce qu’ils ne sont plus capables de le faire tout seul.» Il le reconnaît: « Leur pronostic vital est engagé.» Cette journée de dimanche a été d’autant plus chargée pour ses équipes que l’hôpital a accueilli une huitième victime du coronavirus. Celle-ci s’est présentée spontanément au service des urgences en détresse respiratoire. Un état suffisamment sérieux pour être admise, elle aussi, en réanimation.
Barkhane continue
Alors que le pic de l’épidémie n’a pas encore atteint la Nouvelle Aquitaine, ces arrivées de patients n’ont toutefois pas entamé les capacités d’accueil de l’hôpital. « Nous ne sommes pas saturés. Nous avons encore de la place», souligne le général Margery. Alors qu’en temps normal, le service de réanimation peut s’appuyer sur neuf lits, il en compte désormais seize opérationnels.
Pour assurer cette montée en puissance, l’activité du bloc opératoire a été transférée à la Maison de santé protestante de Bagatelle, partenaire de Robert-Picqué. « Nous nous adaptons », souligne le général Margery. Et cette adaptation est d’autant plus significative, qu’une partie de son équipe de réanimation a été envoyée en renfort au sein de l’hôpital militaire de campagne déployé à Mulhouse depuis la semaine dernière. Sans compter que la participation de l’hôpital aux opérations extérieures continue également. En clair, plusieurs médecins et soignants de Robert-Picqué se trouvent actuellement en bande sahélo-saharienne au profit de la mission Barkhane. Et des militaires français engagés dans la lutte contre le terrorisme islamiste. «Nous sommes tous projetables », rappelle le patron de l’hôpital.
D’autres arrivées possibles
Quant à savoir si Robert-Picqué pourrait accueillir d’autres malades d’Ile-de-France ou du Grand Est, le général Margery ne l’exclut pas : « On répond présent autant que possible, en fonction de nos moyens.» Reste que l’effort de la Défense n’est pas neutre : « Le Service de santé des armées représente 1% de l’offre de soins française. Mais en nous réorganisant pour faire face à cette crise, nous représentons aujourd’hui 2 % des capacités d’accueil en lit de réanimation.» Une force de plus dans cette bataille.
La course aux masques s’accélère
ÉCONOMIE Grâce aux efforts d’industriels, la production mensuelle de masques pour les soignants et salariés va décoller
Une ligne de production de masques à Mably, dans la Loire. PHOTO ARCHIVES PHILIPPE DESMAZES/AP
Aux quatre coins du pays, c’est encore «la guerre» pour se procurer des masques: soignants, mais aussi salariés en contact avec du public, ne cessent de se plaindre de manquer de protections. Sur les réseaux sociaux, les polémiques sur l’absence d’anticipation de l’État enflent. Pour tenter de rassurer, Bercy a tenu hier un point presse détaillant les moyens de production. Pour les masques de protection (FFP2 et chirurgicaux) à destination des professionnels de santé et des patients atteints par le coronavirus, «la production mensuelle va passer de 15 à 40 millions en avril», a dévoilé Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances.
Quatre grands producteurs
Pour y parvenir, le gouvernement s’est appuyé sur les quatre principaux producteurs implantés sur le territoire national (Valmy, Macopharma, Paul Boyé et Kolmi où se rendra Emmanuel Macron ce matin).
En parallèle, pour accroître aussi la conception de masques de protection à usage professionnel non sanitaire, deux nouvelles catégories viennent d’être créées sous l’égide de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). La première catégorie concerne les professionnels en lien avec du public : policiers, gendarmes, hôtesses de caisses… Ces masques filtrent au moins 90% des particules de trois microns. L’autre catégorie de masques vise à protéger un groupe dans le cadre professionnel. Ils filtrent au moins 70% des particules de 3 microns. Mais pourquoi cela intervient si tard, se demandent certains ? «Tout ceci nécessitait de la R&D. Nous avons qualifié 81 produits et 45 entreprises en seulement trois semaines », a rétorqué Agnès Pannier-Runacher.
45 industriels certifiés
Pour augmenter rapidement les capacités de production au niveau national dans les prochains jours à hauteur de 480 000 masques par jour (répartis équitablement entre les masques pour ceux en contact avec le public et ceux dans le monde professionnel), elle a lancé un appel à propositions, en lien avec le comité stratégique de filière « mode et luxe », le Conseil national de l’industrie, mais aussi les pôles de compétitivité Euramaterials et Techtera. Sans oublier l’Union des industries textiles (UIT), l’Union française mode et habillement (UFIMH) et l’Institut Français du Textile et de l’Habillement. Plus de 150 entreprises et groupements d’entreprises ont répondu à cet appel. Au final, 85 prototypes conçus par 45 entreprises répondant aux exigences respectives de ces deux catégories, ont été validés. L’objectif est aussi de qualifier le nombre de réutilisations possibles (jusqu’à 10 fois maximum) pour chaque masque. À noter que les prix de ces masques n’ont pas été «encadrés » par Bercy.
L’offre de ces industriels, dont aucun n’est issu de Nouvelle-Aquitaine (Grand-Est, Auvergne-RhôneAlpes, Pays de la Loire…), est mise à disposition sur la plateforme de marché stopcovid19.fr, qui recense déjà la production de gel hydroalcoolique proposée par les industriels français. «Nous ne manquons pas de gel hydroalcoolique. Notre production (550 000 litres par jour, contre 48 000 en 2019) est actuellement onze fois supérieure à nos besoins »,a précisé, au passage, Agnès Pannier-Runacher.
Ces masques venant de Chine…
Pour rappel, samedi, Olivier Véran, le ministre de la Santé a indiqué que la France a commandé plus d’un milliard de masques, notamment à la Chine. Aujourd’hui, ne seraient-ce que les personnels soignants ont besoin de 40 millions de masques chirurgicaux ou FFP2 par semaine. Mais le pays n’en produit pour l’heure que 8millions par semaine. Pour faire face, un pont aérien a été mis en place avec la Chine. Samedi, 5,5 millions de masques, en provenance de Chine sont arrivés à Paris. Hier, une nouvelle livraison en comptait 7millions.
Pour rappel, faute d’avoir renouvelé les stocks ces dernières années, «lorsque le Covid-19 est apparu, il ne restait qu’un stock d’État de 117 millions de masques chirurgicaux pour adultes », a reconnu Olivier Véran.
BFMTV du 31 mars 2020
Coronavirus: La Poste va faire moins de courrier et plus de social
En plein confinement, l’entreprise qui ne distribue plus le courrier que 3 jours par semaine compte se concentrer sur le versement des prestations sociales ces prochaines semaines.
La Poste, qui a réduit ses tournées à 3 jours par semaine, les mercredi, jeudi et vendredi, continue de se réorganiser face au coronavirus. L’entreprise a annoncé lundi qu’elle allait largement concentrer l'activité de ses bureaux sur le versement des prestations sociales, qui concernent une bonne partie de ses clients, a-t-elle indiqué lundi. En tout cas pour la période du du 6 au 10 avril.
Plus de la moitié des foyers bénéficiaires des minima sociaux sont clients de La Banque Postale, dont plus de 1,5 million, en accessibilité bancaire, viennent retirer leurs allocations en espèces dans les bureaux de poste chaque mois, a rappelé le groupe public dans un communiqué
Ils pourront retirer des espèces dans les distributeurs automatiques dès le samedi 4 avril, et du lundi 6 au vendredi 10 avril dans 1.850 bureaux de poste. Ceux-ci seront "principalement dédiés au versement des prestations sociales et aux opérations bancaires de première nécessité", a précisé La Poste.
La liste détaillée des bureaux ouverts --il y en aura 250 de plus que depuis le début du confinement-- et des services disponibles pour la semaine des prestations sociales sera accessible à adresse https://www.laposte.fr/particulier/outils/trouver-un-bureau-de-poste .
Les relais poste commerçants et les agences postales communales ouverts durant la période compléteront ce dispositif, dans la limite des seuils de retrait en vigueur: 350 euros par semaine pour les agences postales communales et 150 euros par semaine pour les relais poste commerçants en zone rurale.
La Poste dit avoir mobilisé plus de 20.000 salariés sur cette période, faisant appel à des renforts de volontaires d'autres fonctions. Les mesures de sécurité sanitaires seront complétées par la pose d'écrans de protection entre les postiers et les clients et la pose de stickers et de marquages au sol seront effectués pour faire respecter la distance de un mètre entre chaque client, a encore indiqué l'entreprise.