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GIRONDE VIGILANTE
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23 mars 2020

Coronavirus : les personnels soignants en première ligne manquent de masques

Sud-Ouest du 23 mars 2020 

«On a l’impression d’être seules» 

INFIRMIÈRES LIBÉRALES Elles sont en première ligne alors que les cas de Covid-19 se multiplient en secteur semi-rural et que les masques manquent. Heureusement, il y a le système D

2020 03 23 Infirmières libéralesAux malades suivis quotidiennement par Patricia Audoly et Sandra Meslin, se sont ajoutés ceux atteints par le Covid-19. PHOTO LAURENT THEILLET 

Heureusement qu’elles ont la passion et la conscience professionnelle chevillées à leurs seringues. Patricia Audoly et Sandra Messlin font partie du cabinet d’infirmières libérales de Carignan-de-Bordeaux. Et dire qu’elles doivent se débrouiller avec les moyens du bord est un euphémisme... Trouver des masques, des surblouses, des gants ou du gel hydroalcoolique est un combat de tous les instants. 

« On n’ose même plus mettre nos caducées derrière le parebrise car nous sommes devenues des cibles. Des confrères de la rive droite ont retrouvé leur voiture fracturée... », se lamente Sandra Meslin (lire ci-contre). 

Face à la pénurie, comme dans tous les cabinets libéraux de France, c’est le système D qui prévaut. «Dimanche, lorsque je suis allée voter, à Lignan-de-Bordeaux, j’en ai parlé à mon maire. Il n’en revenait pas. Il est allé chercher tous les masques de la commune qui restaient depuis la grippe H1N1. Ils sont sûrement périmés mais ce n’est pas grave, c’est mieux que rien », témoigne une de ses collègues qui préfère rester anonyme. 

Les maires à la rescousse 

Même soutien de la part du futur maire de la commune où est situé le cabinet, Thierry Genetay,. «Je ne sais pas comment il a fait mais il nous a trouvé des masques », salue Patricia Audoly. 

La solidarité a aussi lieu entre les professionnels de la commune. La voisine orthophoniste, qui ne peut plus exercer, a proposé ses services pour nettoyer le cabinet ou faire des courses pour les infirmières qui voient une centaine de patients chaque jour. La médecin du village a également partagé quelques masques arrivés à son cabinet. 

Car aux malades suivis quotidiennement, surtout des personnes âgées, se sont ajoutés ceux atteints par le Covid-19, « quatre en 48 heures ». Avec toutes les interrogations qui vont avec. « Je dois bientôt faire une prise de sang à l’une d’entre elles, je ne sais pas du tout quelles précautions spécifiques je dois prendre », déplore Patricia Audoly qui, en attendant l’arrivée de surblouses, enfile sa combinaison de peintre... 

« Heureusement qu’on a un peu de bon sens et qu’il y a une forte entraide. Certains cabinets de Gironde n’arrivent pas à s’équiper et trouvent des masques sur des marchés parallèles. On a un peu l’impression d’être seules au monde », glisse sa collègue. «Il faudrait pouvoir laisser le matériel chez les gens infectés. Nous passons des heures à désinfecter saturomètres, tensiomètres et autres garrots. » Désormais, le temps de chaque intervention est doublé car, en plus des infinies précautions à prendre, il faut aussi rabâcher inlassablement aux patients et à leurs familles les mesures de précautions que tous doivent respecter. 

Citoyens indisciplinés 

Car ce qui effare le plus les infirmières, c’est le manque de conscience des citoyens. « Le weekend dernier, les fêtes de famille étaient maintenues. Les gens ne respectent pas les distances dans la queue devant la boulangerie. Ils ne réalisent pas qu’ils sont potentiellement contaminants », tempête Sandra Meslin. 

Certains patients se sont montrés compréhensifs. Leurs familles prennent le relais des infirmières, qui ne passent plus qu’une fois par jour, pour éviter de multiplier les contacts. Mais d’autres sont moins réceptifs. Ils ne comprennent toujours pas les mesures de précaution prises par ces professionnelles de santé. « Au départ nous étions patientes mais nous devenons plus fermes, car nous prenons toutes nos précautions quand d’autres ne le font pas », estime Sandra Meslin. 

Les professionnelles ont décidé de se réorganiser. Celles qui n’ont plus d’enfants à la maison s’occuperont des malades du coronavirus. En espérant que la maladie ne se propage pas trop vite. Et il a été acté que les congés seraient maintenus. Indispensables pour ne pas craquer alors que l’inquiétude ronge aussi leurs familles. « Il faut vraiment que les gens comprennent qu’en restant chez eux, ils se protègent mais ils protègent aussi les autres....»

2020 03 23 SO A bordeaux plusieurs infirmières de la rive droite détroussées

2020 03 23 SO A Bordeaux plusieurs infirmières ont été détroussées

2020 03 23 SO Un appel aux Maires

2020 03 23 SO L'appel à l'aide de SOS Médecins Bordeaux en manque de masques

 

 

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