Dérèglement climatique ?

Sud-Ouest du 2 mars 2020

Sud-Ouest du 2 mars 2020 

«La maison a tremblé» 

GIRONDE-SUR-DROPT Une mini-tornade s’est abattue sur le village du Réolais hier matin. En quelques secondes, des arbres ont été déracinés et une quarantaine de toitures endommagées. Deux personnes ont été très légèrement blessées

Dans le centre du village, plusieurs arbres ont été déracinés. L’un d’entre eux a complètement écrasé une voiture blanche garée dans un jardin

Hier, vers 15 heures, les stigmates de la tornade sont bien visibles à Gironde-sur-Dropt, un village d’un peu plus de 1000 habitants dans le Réolais. Sur le toit du restaurant Chez Sabà la sortie du village, pompiers et riverains s’affairent. Il s’agit de poser au plus vite une bâche et de nettoyer les tuiles cassées avant l’arrivée d’une nouvelle averse. À quelques mètres, une cheminée s’est effondrée sur une voiture. «J’étais en plein service. Il y avait une cinquantaine de personnes, et tout d’un coup, ça s’est mis à souffler très fort. Ça a duré quelques secondes. Je n’arrivais plus à tenir la porte. Puis une partie du plafond s’est effondrée», raconte Sabrina, la propriétaire du restaurant. Deux clients ont été très légèrement blessés, sans nécessiter un transport vers un service de soins. Mais le restaurant est pour l’heure fermé. « Nous avons deux personnes au chômage technique », déplore Sabrina» 

 

Phénomène ultra-localisé  

La mini-tornade s’est déclenchée vers 11 h 45. «On n’a senti aucun signe avant-coureur. Dix minutes avant, tout était calme. Et puis, il est tombé de la grêle et ça s’est mis à souffler. La maison a tremblé. Ça n’a pas duré plus de deux minutes. On s’est réfugié à l’écart du village, à à peine un kilomètre, il n’y avait absolument rien», explique Boris Biellmann, un habitant du village. 

Selon les pompiers qui ont déployé une quarantaine de sapeurs sur place (dont des éléments du Grimp, le groupe de reconnaissance et d’intervention en milieux périlleux), le phénomène était en effet ultra-localisé. La mini-tornade, dont la vitesse des vents reste difficile à déterminer, s’est abattue sur un couloir de 800 mètres de large et d’à peine deux kilomètres de long, le long de la RD1113 qui traverse le village et qui a été coupée une partie de la journée.  

Des arbres déracinés  

«Dès qu’on est sorti, le sol était jonché de poutres, tuiles ou branches d’arbres», explique Boris Biellmann. «En quelques minutes, on a vu voler les plots dans la rue devant chez nous», explique Jean-Claude Cadiot. Dans le centre du village, plusieurs arbres ont été déracinés. L’un d’entre eux a complètement écrasé une voiture blanche garée dans un jardin. De l’autre, côté du village, le toit d’un cabinet dentaire a été en partie arraché. 

«Nous avons entre trente et quarante toits endommagés. Tout l’enjeu cet après-midi est de faire un état des lieux avec les pompiers spécialisés afin de sécuriser les toits et éviter un suraccident lié à de nouvelles chutes de tuiles. C’est une opération longue et minutieuse car nous sommes sur des toitures anciennes, souvent couvertes de mousse. Cet après-midi, certaines cheminées descendaient après un simple coup de pied » détaille le sous-préfet de Langon Éric Suzanne qui s’est rendu sur place. «Une partie du bourg a donc été fermée à la circulation pour permettre aux pompiers de sécuriser les lieux » poursuit le maire Thierry Bos. 

Dans son jardin, Jean-Claude Cadiot fait la visite. Il faut dire qu’il n’a pas été épargné. « Nos trois voitures ont été touchées», explique-t-il. Puis, il montre les tuiles plantées comme des piquets sur sa pelouse. Quelques mètres plus loin, des poutres et des résidus d’Everite (plaques ondulées en fibre-ciment). « Les poutres semblent venir de la toiture arrachée à 150 mètres d’ici. C’est incroyable la puissance qui s’est déployée en quelques secondes.» À l’intérieur de sa maison, un morceau de tôle a même traversé une baie vitrée.  

Une ligne électrique a également été coupée, privant 250 foyers de courant pendant plusieurs heures. Selon le sous-préfet, les équipes d’Enedis devaient rétablir l’électricité en fin d’après-midi. La circulation à l’intérieur du bourg devait également être à nouveau autorisée. Mais si aucun relogement ne semblait s’imposer hier soir, et si le village ne déplore pas de blessé sérieux, hormis quelques contusions, il est probable que les habitants de Gironde-sur-Dropt conserveront longtemps en mémoire ce matin du 1er mars 2020.