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GIRONDE VIGILANTE
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11 janvier 2020

Influence des laboratoires pharmaceutiques

Sud-Ouest du 10 janvier 2020 

Quand les CHU vivent sous l’influence des labos : ce que révèle l’enquête de Sud Ouest

quand-les-chu-viventTHEILLET LAURENT  

Repas, formations, participations à des congrès et invitations à des manifestations scientifiques : les industriels de la santé multiplient les liens financiers avec les médecins hospitaliers. Mais leur encadrement s’avère souvent défaillant ou incomplet. A Bordeaux, le CHU s’apprête à nommer un Déontologue pour y remédier. 

Dans une enquête inédite à l’initiative de « Sud Ouest », une quinzaine de rédactions de la presse quotidienne régionale ont travaillé de concert pour décrypter avec un regard inédit les liens d’intérêts entretenus par les professionnels de santé des 32 Centre Hospitaliers Universitaires (CHU) français avec l’industrie en 2018. Tous les liens d’intérêts sont légaux et ne sont évidemment pas condamnables a priori. Cependant, comme le souligne un rapport sur la prévention des conflits d’intérêts remis en mars 2016, à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, « un lien d’intérêts peut influencer le choix d’une prescription, d’un équipement, le contenu d’un enseignement ou d’un programme de recherche ». 

Au CHU de Bordeaux nous avons recensé 9 millions d’euros de liens financiers avec les laboratoires pour la seule année 2018, qu’il s’agisse de rémunérations ou d’avantages en nature. Sur cette manne, près de 3,5 millions sont reliés à des conventions passées entre les entreprises et le CHU, essentiellement pour l’indemnisation des essais cliniques réalisés à l’hôpital à la demande de l’industrie. Et 4,5 millions correspondent à des liens établis directement entre les médecins et les laboratoires pharmaceutiques. 

Face à ces pressions permanentes de l’industrie de la santé, la Direction du CHU de Bordeaux a détaillé à la rédaction de Sud Ouest les actions engagées pour mieux encadrer l’activité de ses équipes. À commencer par la nomination prochaine d’un Déontologue chargé de répondre aux saisines des 14 000 employés de l’hôpital public. 

Spécialisée dans « la formation et l’information médicale indépendantes », l’association Formidep publie régulièrement un classement des facs de médecine selon leur politique de prévention des conflits d’intérêts. À l’automne 2019, son premier classement des CHU français sur ce même thème a mis en exergue les « efforts rares et timides » de l’hôpital public. Paul Scheffer, président de Formindep, explique dans une interview pourquoi le monde de la santé à intérêt à ce que le système actuel perdure malgré ses limites avérées. 

Pour nombre de personnels de santé, les liens d’intérêts avec l’industrie sont nécessaires pour faire avancer la recherche. Mais la gestion des conflits d’intérêts -et l’interdiction de certaines pratiques- divise encore la sphère médicale. Nous avons donné la parole aux médecins. 

Ces liens d’intérêts de mieux en mieux documentés entre l’industrie de la santé et les professionnels ont aussi des conséquences en chaîne sur la qualité des prescriptions et leur coût pour le système de santé. Des études publiées cet automne en France et aux États-Unis l’ont démontré. 

Pour leur part, les visiteurs médicaux, ces porte-parole des laboratoires qui rencontrent fréquemment les médecins, vantent la nécessité de mieux informer les praticiens sur l’usage des nouvelles molécules que proposent leurs employeurs. Mais leurs pratiques très ciblées et rodées sont particulièrement efficaces selon les témoignages que nous avons pu recueillir. 

L’enquête de la presse régionale vient rappeler que la base publique « Transparence Santé » est particulièrement incomplète, comprenant très souvent des informations erronées. De nombreuses déclarations n’y apparaissent pas également, comme nous avons pu le documenter. 

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