Usines Seveso
Sud-Ouest du 6 octobre 2019
« Si ça pétait ici, ce serait pire qu’à Rouen »
RISQUES INDUSTRIELS L’accident de Lubrizol a ravivé l’inquiétude des riverains du bassin de Lacq (64), qui regroupe vingt usines Seveso. Mais le fatalisme domine
À 5 km de la plateforme de Lacq (en haut), celle de la Sobegi-Mourenx. Chez Yvonne et Francis Vincent, la terrasse offre une vue imprenable sur ces usines classées Seveso. PHOTOS INDUSLACQ ET QUENTIN TOP
"«Le jour où ça pétera, qu’on soit à dix ou à cent mètres, on ne pourra rien y faire. S’il y a un incident, c’est tout le village qui s’en va.» Depuis la terrasse de leur pavillon béarnais d’Os-Marsillon, sur le bassin de Lacq, Francis et Yvonne Vincent, tout frais retraités, désignent la plateforme Sobegi de Mourenx."...
..."Concert de sirènes
«On sait qu’on n’est pas à l’abri de ce genre d’incident. Et ici, ce serait pire. Toutes les usines chimiques ont été regroupées, et on est juste entre les trois sites (1) », explique Francis, qui a conduit pendant trente-cinq ans des camions-citernes de produits dangereux sur l’immense bassin industriel."...
>> INFOGRAPHIE : le risque industriel en France et dans le Sud-Ouest en trois infographies
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Sud-Ouest du 6 octobre 2019
« C’est ici perçu comme une chance »
LOT-ET-GARONNE L’avis de Christian Delbrel, le maire de Pontdu-Casse, commune sur laquelle est implantée une usine d’agrochimie
«Sud Ouest Dimanche » Vous êtes le maire d’une commune sur laquelle est implantée l’usine De Sangosse, classée Seveso II. Comment le vivent vos administrés ?
Christian Delbrel Je suis élu depuis six ans et je n’ai eu, à ce jour, aucune doléance, qu’elle soit écrite ou orale au sujet de l’usine. Au vrai, les gens sont bien plus inquiets d’être à 20 kilomètres de Golfech que d’avoir De Sangosse aux portes de la commune. Pour preuve : l’élargissement de dix kilomètres du périmètre du plan principal d’intervention autour des centrales nucléaires a intégré Pont-du-Casse dans le dispositif, ce qui implique des distributions de cachets d’iode. Et cela fait causer…
Il n’y a donc aucune inquiétude relative à cette usine ?
Soyons clairs, le risque zéro, cela n’existe pas. Mais chez De Sangosse, ils se sont donné les moyens en matière de sécurité et cela rassure grandement la population.
Par exemple, il y a trois ans, un camion a pris feu sur le parking de l’usine. En soi, l’événement n’était pas de nature à présenter un risque pour l’usine et pour les habitants. Mais quand je suis arrivé sur place, il y avait déjà une cellule de crise qui avait été mise en place !
En outre, j’ai déjà été invité à assister aux exercices de sécurité et, là encore, c’est exemplaire. À ce point qu’en 2010, le périmètre de sécurité qui jadis était d’un kilomètre a été ramené à 200 m. À vrai dire, ici à Pont-du-Casse, l’usine est perçue comme une chance.
Comment ça ?
De Sangosse est un atout car c’est une locomotive économique, même si l’hôpital de la Candélie est le plus gros employeur de la commune.
Il y a récemment encore une usine du groupe qui est sortie de terre et dont l’inauguration a eu lieu au mois de juin, moyennant un investissement de 12 millions d’euros.
Recueilli par Bastien Souperbie
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De Sangosse est en pointe dans le secteur de l’agrochimie. Il est un des leaders mondiaux dans le segment des anti-limaces. La société emploie plus de 800 personnes dans le monde, dont un peu plus de 250 sur Pont-du-Casse.