Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
GIRONDE VIGILANTE
Archives
1 septembre 2019

Situation explosive aux urgences

Sud-Ouest du 30 août 2019

2019 08 30 SO La crise s'aggrave aux urgences 

2019 08 30 SO La crise s'aggrave aux urgences1 

2019 08 30 SO La crise s'aggrave aux urgences2

Sud-Ouest du 30 août 2019 

Aux urgences, le mal persiste, la grève se propage 

HÔPITAUX PUBLICS L’été n’a pas apaisé la douleur : plus de la moitié des services d’urgences sont en grève, deux fois plus qu’en juin. La rentrée sera tendue. Des manifestations sont prévues

le mal persisteLe personnel gréviste (ici à Périgueux) réclame la création de 10 000 postes dans les services d’urgences. ARCHIVES S. KLEIN

L’hôpital, et plus particulièrement les urgences, sont malades. Une longue maladie qui, depuis cinq mois, donne lieu à une grève contagieuse. Le 16août dernier, le collectif Inter-Urgences, à l’origine du mouvement, et les syndicats qui se sont ralliés à la contestation, comptaient 219 services en grève –le ministère de la Santé en a recensé 195– sur les 523 du public, soit les deux-tiers des établissements de santé. «Et d’autres devraient suivre d’ici la fin août», affirme Hugo Huon, l’un des porte-parole du collectif. Ils étaient 225 le 27 août (voir infographie). 

La fièvre ne cesse de monter. Les urgences sont en asphyxie. Les personnels à bout. Les patients malmenés. 

1 - L’urgence: créer 10 000 postes et stopper l’hémorragie 

«Notre première revendication ? La création de 10 000 postes dans les services des urgences et la réouverture de lits. De plus, pour stopper l’hémorragie, nous demandons la suppression de la taxe sur les salaires pour les hôpitaux publics, soit une manne de 4 milliards d’euros», lâche Christophe Prudhomme, secrétaire général de l’Association des médecins urgentistes (AMUF) et représentant du syndicat CGT Santé. « Les jeunes infirmiers et aides-soignants quittent les urgences après deux ou trois ans d’exercice. Les médecins démissionnent de l’hôpital public pour faire de l’intérim. Pourquoi ? Parce que les conditions de travail et les salaires ne sont pas à la hauteur.»

Sont pointés du doigt : le manque d’effectifs, les restrictions budgétaires, la suppression de lits et la prise en charge du patient insatisfaisante. 

« Ce n’est pas parce que nous sommes en grève que vous attendez. C’est parce que vous attendez que nous sommes en grève!», affichent les banderoles des grévistes. Le but : sensibiliser les patients, tout en assurant la continuité du service public.

Mi-juin, l’annonce par la ministre de la Santé d’une enveloppe immédiate de 70 millions d’euros (55 millions pour le financement d’une prime de risque de 100 euros nets mensuels pour les personnels des urgences et 15 millions d’euros pour le recrutement d’effectifs paramédicaux dans les services en tension cet été) a été perçue par le personnel comme un pansement sur une plaie purulente. Plaie qui ne cesse de s’infecter : depuis plus de deux mois, le nombre de services en grève a été multiplié par 2. En décembre dernier, à l’hôpital Lariboisière, à Paris, le décès d’une patiente, après douze heures d’attente sur un brancard, avait aggravé le malaise. 

2 - Une dégradation longue et continue depuis vingt ans 

Pour Christophe Prudhomme, les racines du mal sont à retrouver dans « vingt ans de politiques de santé qui privilégient le marché au service public ». Et l’urgentiste d’énumérer la baisse du nombre de médecins en formation, la suppression de 100 000 lits, le tout ambulatoire, la population vieillissante, la baisse du nombre de généralistes en ville et la disparition de leur obligation de gardes, l’organisation par spécialités des hôpitaux ou encore la fermeture des établissements de proximité, notamment des maternités. « Résultat: on est passé de 2 millions de passages aux urgences à la fin des années 90 à plus de 23 millions en 2018 

Né en dehors de toute servitude syndicale, le collectif Inter-Urgences intègre son combat dans un contexte social et sociétal encore plus global. Le mal ferait aussi résonance à «la déliquescence des institutions publiques, aux politiques sociales, à l’augmentation de la pauvreté 

3 - Une, deux, voire trois manifestations à la rentrée 

On l’a dit: l’été n’a pas apaisé la douleur aux urgences. La situation est explosive. Elle le sera tout autant à la rentrée. Une assemblée générale intersyndicale avec le collectif est prévue le 10 septembre. Dès le lendemain, l’hôpital public, «mais aussi les Ehpad, confrontés eux aussi à l’asphyxie», sont invités, par la CGT santé, à descendre dans la rue. On évoque un appel de FO Santé, pour le 26 septembre. Du coup, Inter-Urgences jouera sa partition de son côté le 21 septembre. 

Tous néanmoins sont unanimes: Agnès Buzyn va devoir, à un moment donné, accepter la confrontation. «Elle l’a bien évitée jusqu’ici, notamment le 12 juillet dernier, lors d’une visite à l’hôpital de La Rochelle», fait remarquer la CGT. 

Quant au débat de fond sur le papier, il a été lancé par la ministre, via une mission sur la réorganisation du système de santé. Mission confiée à Pierre Carli, président du Conseil national de l’urgence hospitalière, lequel devrait poser sur la table des préconisations dans les semaines à venir.

le mal persiste 2 

Sud-Ouest du 30 août 2019 

A Sainte-Foy, «impossible de faire autrement» que fermer la nuit 

Jusqu’à la fin du mois d’août, le service est fermé de 18 h 30 à 8 h 30 à cause d’un manque de médecins. Une sonnette permet aux usagers d’appeler le Samu

a sainte-foy 2

«Information usagers. Du 1er au 31 août, votre service d’urgence sera ouvert de 8h30 à 18h30. En dehors de ces horaires, pour toute prise en charge nécessitant un avis médical urgent, merci de contacter le centre 15 qui vous orientera vers le centre hospitalier de Libourne ou de Bergerac.» L’affiche est placardée en grand à l’entrée de l’hôpital de Sainte-Foy-la-Grande, en Gironde. Des versions plus réduites ont aussi été installées près des sonnettes mises à disposition, ainsi que sur la porte de la mairie. « Faut pas faire un arrêt cardiaque. On a le temps de mourir...», déplore Sofia Olgado, de Lamonzie Saint-Martin, en pensant surtout aux gens malades et à ceux qui ont des enfants. Car même si le Smur – l’ambulance déclenchée par le Samu –, roule au-delà des vitesses autorisées, l’hôpital de Sainte-Foy se situe à 25 km de celui de Bergerac et à 40 km de Libourne. 

Un choix des médecins 

La raison de cette décision radicale : le Centre hospitalier de Libourne (CHL), dont dépend l’hôpital de Sainte-Foy, manque de médecins. L’initiative est d’ailleurs venue des urgentistes eux-mêmes. «Nous sommes confrontés à une difficulté de recrutement, informe le CHL. Malgré notre capacité à recruter (notamment grâce à la proximité avec Bordeaux), les atouts ne suffisent plus par rapport aux difficultés du métier d’urgentiste.» Il ne s’agit donc pas d’un problème d’argent mais bien d’un manque de candidats. Sur les 27 postes de médecins urgentistes au CHL, seuls 14 étaient pourvus fin juillet, au moment de cette décision «prise en concertation avec les équipes des urgences et en lien avec l’Agence régionale de santé. » 

Les prises de congés, courantes et normales en cette période estivale, n’arrangent pas la situation. Et comme l’équipe médicale est mutualisée entre Libourne et Sainte-Foy, il a fallu faire un choix «afin de garantir la sécurité des patients et du personnel». 

« Une vie, c’est une vie» 

Les syndicats se montrent plutôt fatalistes. « On aurait préféré que cela ne ferme pas car il y a notamment beaucoup de touristes en cette période, mais il faut aussi que les gens viennent se faire soigner en toute sécurité. C’est malheureux d’en arriver là mais impossible de faire autrement», estime-t-on du côté de l’Unsa. 

Un avis que ne partage pas Thierry Nouvier, aide médico-psychologique installé depuis dix ans à Sainte-Foy-la-Grande. Pour lui, le manque de médecins ne justifie pas la fermeture du service la nuit. «Une vie, c’est une vie. Une perfusion ou un massage cardiaque peuvent sauver quelqu’un et ces gestes peuvent parfaitement être faits par une infirmière urgentiste. Ça sert à quoi de mettre des défibrillateurs partout si derrière, il n’y a pas de service ?», interroge-t-il. Lui, craint carrément la fermeture du service à terme. De son côté, le maire Christophe Chalard confie son impuissance. « On est un peu démunis face à cette décision. Je pense qu’ils ont choisi la moins mauvaise solution par rapport à leurs moyens.» Ce qui n’a pas empêché les élus du territoire, du député aux conseillers communautaires, de se mobiliser. 

Une tension aussi due à l’été 

Le CHL a bien conscience de l’émoi suscité par sa décision. Il explique avoir mobilisé tous les moyens à sa disposition : les médecins urgentistes font du temps de travail additionnel, des médecins d’autres services ont accepté d’assurer des gardes et des intérimaires sont sollicités. Sauf que ces derniers aussi profitent de l’été pour partir en vacances. D’où une certaine tension. 

Aurélien Georget, de Force ouvrière, est très inquiet pour l’avenir de l’équipe médicale. Des recrutements sont pourtant déjà prévus : un en octobre et deux en novembre. Même si le syndicaliste explique être « globalement satisfait» des mesures prises par l’hôpital de Libourne, notamment une hausse de l’effectif à Sainte-Foy, il rappelle que le principal problème reste le manque de lits qui, par effet domino, vient congestionner les services des urgences où les temps d’attente augmentent en même temps que l’agressivité des patients. 

Pour l’heure, une seule certitude à Sainte-Foy : le service des urgences fonctionnera de nouveau, jour et nuit, dès le 1er septembre.

2019 08 30 SO Dans les cabinets c'est aussi le repos estival

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
GIRONDE VIGILANTE
Publicité