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GIRONDE VIGILANTE
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17 juin 2019

Les urgences : On y vient quand on a pas d'autre solution

Le JDD du 15 juin 2019 

TRIBUNE. "Non, les patients ne sont pas responsables de l’engorgement des urgences" 

Pour Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, la grève actuelle aux urgences révèle des défaillances en amont et en aval de ces services.

non les patientsFrédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, estime que plusieurs défaillances expliquent l'engorgement des urgences. (Sipa) 

Voici la tribune de Frédéric Valletoux : "Les témoignages viennent régulièrement nous le rappeler : les urgences sauvent au quotidien des vies. Cette mission, vous en conviendrez, n’a pas de prix ! Ou plutôt si, elle en a un : le besoin de mesures en conséquence. Pas seulement des moyens financiers, humains, dans les services d’urgences. Indispensables bien sûr, mais pas suffisants. Le sujet des urgences dépasse les urgences. Il est plus facile de montrer des brancards dans les couloirs que d’essayer de comprendre pourquoi on en est arrivés là. 

Plus facile de braquer les projecteurs sur les urgences saturées que d’aller voir les trous dans la raquette en amont, et les difficultés d’aval. Plus facile de cibler les responsables médicaux et administratifs des hôpitaux, qui n’ont finalement que peu de leviers face à l’afflux de patients aux urgences, que de prendre les mesures courageuses sur l’amont et l’aval. Plus facile de stigmatiser le patient qui s’y rend que de dire pourquoi il est contraint, faute d’autre solution, d’y aller. 

« Les urgences publiques : la seule lumière

allumée 7 jours sur 7, 24h sur 24, pour tous » 

Les urgences publiques représentent plus de 80% des prises en charge urgentes soit plus de 17 millions de prises en charge par an. Elles offrent un accès aux soins pour tous nos concitoyens, quels que soient leur lieu d’habitation, leur niveau de vie, leur situation administrative, leur âge. Sur les 1.955.752 passages des personnes de plus de 80 ans, 85,3% vont à l’hôpital public, 9,9% dans le secteur privé à but lucratif, 4,8% dans le secteur privé à but non lucratif.  A toute heure, tous les jours, pour toutes les pathologies, y compris bien sûr les plus lourdes, les urgences publiques accueillent et soignent la population.

Les Français savent bien cela. Et ils le disent : l’hôpital est le service public dans lequel – et de loin – ils ont le plus confiance ; l’accès à de bons établissements de santé est un critère essentiel pour eux en termes d’égalité des chances (à 84 % juste derrière l’accès à de bons établissements scolaires) *. Les urgences sont bien souvent, au propre comme au figuré, la porte d’entrée de l’hôpital public : on y vient quand on a pas d’autre solution. La stigmatisation des patients, que j’ai pu lire et entendre ces derniers jours dans les médias, me semble déplacée. Non, ce n’est pas un effet de génération qui fait que certains iraient plus aux urgences. Non, ce n’est pas une volonté d’abuser du système. Généraliser des cas qui sont marginaux, c’est, là aussi, détourner son regard du problème. Les urgences, c’est la dernière lumière allumée dans nos territoires, quand toutes les autres sont éteintes. Alors oui, elles cristallisent les dysfonctionnements du système de santé. 

« Aucun professionnel de santé,

aucun hospitalier

n’a envie de voir des patients

sur les brancards dans les couloirs » 

Les difficultés éprouvées par ces services hospitaliers ne datent pas d’hier et, année après année, hiver après hiver, été après été, les crises se répètent et s’accentuent sans réelles mesures politiques cohérentes, globales, ambitieuses. Et avec une hausse exponentielle des passages aux urgences, le dysfonctionnement ne peut que s’amplifier et les mesures 'pansement' des gouvernements successifs ne suffisent plus à contenir les crispations et encore moins les potentiels risques sanitaires. 

Et si, finalement, le fait de braquer les projecteurs sur les urgences avait aveuglé sur les causes de la crise, à savoir la défaillance de l’amont et les difficultés d’aval ? Et si, in fine, c’était plus simple ainsi ?... mais au risque de l’inefficacité." 

* "Baromètre de la confiance" du Cevipof (janvier 2019) et "Sondage FHF/IPSOS dans le cadre du Grand Débat national" (mars 2019)

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