Incendie dans un parking

28 mai 2019

Sud-Ouest du 20 mai 2019

Un violent incendie ravage un parking

BORDEAUX Samedi soir, le feu a pris dans un parking souterrain. Des riverains ont été évacués, le secteur a été bloqué et la circulation des tramways est interrompue

Plus de 80 sapeurs-pompiers sont intervenus au plus fort de leur engagement. PHOTO THIERRY DAVID/« SUD OUEST »

Véhicules carbonisés, pneus et pare-brises explosés, tôle tordue sous l’action de la chaleur, air irrespirable, murs noircis de fumée, trous béants dans le sol du niveau - 2 qui s’est partiellement effondré, structure métallique attaquée par les flammes… C’est le bilan d’un violent incendie qui a ravagé le parking Salinières, samedi, et tenu en haleine tout le quartier bordelais de Saint-Michel.

La fumée sort du sol

L’alerte est donnée samedi à 20 h 28 précisément. De la fumée vient d’envahir les écrans de vidéosurveillance du garde du parking du quai Salinières. D’emblée, les pompiers mettent les moyens. Il y aura jusqu’à 32 véhicules et 82 sapeurs-pompiers au plus fort de leur engagement.

Des volutes sortent du sol, une odeur acre se répand, l’air devient irrespirable. Le trafic des tramways est stoppé immédiatement, le quartier est bouclé, interdit à la circulation par les policiers. Un périmètre de sécurité est délimité pour maintenir les badauds à l’écart et éviter les inhalations de fumée crachée par l’extraction automatique.

Jusqu’à 700 degrés

L’intervention sera longue. Très longue. Les soldats du feu doivent progresser en milieu clos, surchauffé et dans le noir ou presque. «Il y a clairement un problème d’accès et un effet cocotte-minute qui fait monter la température », explique Matthieu Jomain, officier de communication du service départemental d’incendie et de secours. « Samedi, c’est monté jusqu’à 700 ou 800 degrés.»

Les fumées intoxiquent trois pompiers. Il y a un risque en termes de santé et de sécurité publiques. Le feu sévit toujours. Des explosions, sans doute de pneus surchauffés, claquent dans la nuit. Un bâtiment de quatre étages avec vue et nez sur l’entrée du parking est évacué de ses 45 occupants. Trente-six sont pris en charge par la Croix Rouge dans un gymnase ouvert par la municipalité. Ils ont pu rejoindre leur domicile hier, en début de soirée, après une journée passée entre fatalisme, inquiétude et ras-le-bol.

Considéré comme en voie d’extinction, samedi, vers 23 heures, le feu reprend de plus belle. Au petit matin, « des spots de fumée s’échappent toujours du parking », témoigne Matthieu Jomain. À cette heure-là, « la chaleur très intense et le doute sur la stabilité du bâtiment rendent impossible l’accès à l’intérieur du parking.» Une paire d’heures plus tard, les équipes dites « engagement longue durée » des pompiers font une nouvelle tentative de pénétration à l’intérieur du parking et attaquer le foyer. Elles y parviennent et ouvrent alors la voie à un premier état des lieux. Il y avait 370 véhicules garés au parking Salinières samedi soir. De nombreux propriétaires s’interrogent. Des abonnés ou des clients d’un soir, venus passer la soirée à Bordeaux et qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler ou y avaient laissé des effets désormais perdus. Ils s’apprêtent à passer un mauvais quart d’heure avec leur assureur.

À la mi-journée, lors d’un point de situation, deux sujets d’inquiétude demeurent. « Notre préoccupation principale est qu’il n’y ait pas de victimes à l’intérieur», confie Jean-Louis David, adjoint au maire de Bordeaux notamment chargé de la sécurité. Certains riverains ou utilisateurs font en effet état de SDF qui dorment régulièrement au chaud sur un matelas, voire d’autres – des plaintes ont été déposées – qui cassent une voiture pour y passer la nuit. « La recherche d’éventuelles victimes se fait niveau par niveau », assure l’élu.

À 14 h 45, le feu est officiellement déclaré éteint. Le travail de reconnaissance se poursuit étage par étage. Aucune victime n’est découverte. Reste désormais à déterminer si la solidité du parking est compromise ou pas. C’est la mission des experts missionnés dès hier. La circulation des voitures a repris, les tramways sont toujours à l’arrêt. La ligne C, qui dessert la gare, ne reprendra son itinéraire qu’après la levée de doutes concernant la structure de la dalle sur laquelle il circule, qui interviendra dans les prochains jours », indique Kéolis dans un communiqué.

Sud-Ouest du 20 mai 2019

«La température est montée jusqu’à 700 degrés»

BORDEAUX Les pompiers sont finalement venus à bout d’un incendie qui a ravagé le parking Salinières. 370 véhicules étaient garés à l’intérieur. L’incertitude demeure sur sa solidité

Le feu a été déclaré officiellement éteint à 14 h 45 hier. PH. T. DAVID

"De mémoire de sapeur-pompier girondin, c’est le premier feu de ce type dans l’agglomération bordelaise. Samedi soir, le feu a pris dans le parking souterrain Salinières, situé sur le quai éponyme dans le quartier Saint-Michel à Bordeaux (lire notre édition d’hier). «Des feux dans les parkings, on en fait régulièrement, mais pas aussi “dimensionnants”. C’était vraiment une opération particulière», confie le lieutenant-colonel Arnaud Mendousse, officier communication du service départemental d’incendie et de secours.

Procédure spéciale

Pas fâché de pouvoir parler au passé, il explique la « procédure spéciale» suivie ce week-end. «Ces parkings sont gardiennés. À 20 h 28, un gardien a donné l’alerte quand il a entendu les détecteurs incendie et vu de la fumée envahir ses écrans de vidéosurveillance. Nous savions alors approximativement que le feu était parti du niveau -3.»

«Mais une intervention comme celle-là est par définition compliquée », poursuit Arnaud Mendousse. «La progression est technique et forcément lente dans un milieu clos où il fait très chaud et où on ne voit rien ou presque. Ce week-end, la température est montée jusqu’à 700 degrés. Nous sommes évidemment en capacité numérique à intervenir mais jusqu’à un certain seuil physiologique, détaille l’officier. C’est très sollicitant et comme l’atmosphère est saturée en fumée, il faut aussi des appareils respiratoires qui ont eux-mêmes leurs limites de durée.»"...