Les urgences sauvent alors sauvons les urgences

L'Alsace du 27 avril 2019 

[Vidéo] État d’urgence aux urgences de Mulhouse et Altkirch 

Plus des deux tiers du personnel des urgences du Groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud Alsace ont fait grève ce vendredi, bloquant l’accès au site durant deux heures. Le mouvement doit se poursuivre jusqu’au 2 mai.

Le personnel hospitalier en grève devant l'entrée des Urgences à l'hôpital Emile Muller à Mulhouse. Photo L'Alsace / Jean-François F

..."« SOS, urgences en détresse »"...

..."Sur les quelque 160 personnels, 120 étaient en grève et une soixantaine d’infirmiers, urgentistes, soignants et autres médecins se sont rassemblés devant l’accès aux urgences dès 16 h. Durant deux heures, le site mulhousien a été bloqué pour les ambulances, seul un service minimum était assuré."...

..."Comme l’explique Sami Kacem, médecin urgentiste et chef de service par intérim au GHRMSA, les grévistes dénoncent des conditions de travail, « qui se dégradent de jour en jour ». « Nous avons eu une réunion avec la nouvelle directrice générale, qui nous a écoutés. Nous allons lister nos demandes et travailler pour la reconstruction du service. L’équipe médicale est actuellement en sous-effectif (moins onze équivalents temps plein), les locaux ne sont pas non plus adaptés et nous avons un problème avec les lits d’aval… Mais c’est un point positif, nous allons travailler sur l’organisation d’un nouveau service d’urgences. »

Contre la suppression du service à Altkirch 

« Les urgences sauvent, alors sauvons les urgences ! » Au moment où leurs collègues mulhousiens entamaient leur mobilisation, une quinzaine de membres du personnel des urgences de l’hôpital Saint-Morand d’Altkirch, qui fait partie du GHRMSA, lançaient une grève en forme de « débrayage », à grand renfort de banderoles et de slogans accrocheurs, eux aussi. 

Objectif : plaider pour le maintien du service d’urgences de la capitale sundgauvienne qui, comme la maternité, doit faire les frais d’une future restructuration de l’offre de soins et être remplacé par un centre de soins « non programmés », autrement dit ouvert uniquement de jour. C’est ce qui s’est déjà passé à l’hôpital Saint-Jacques de Thann, également membre du GHRMSA, où les urgences ont été fermées en novembre 2016, en raison d’une pénurie d’urgentistes. 

Le personnel d’Altkirch évoque une mesure « absurde » , à l’heure où les urgences mulhousiennes « sont déjà totalement saturées ». « Nous sommes indispensables aux Sundgauviens » , expliquent les manifestants, évoquant un épisode « révélateur » survenu mercredi dernier : « Les urgences de Mulhouse étaient au bord de l’explosion et nous avons vu arriver une dizaine d’ambulances à Altkirch. »

« Il faut arrêter de nous parler argent et rentabilité » 

Preuve, s’il en fallait, que les urgences altkirchoises ont plus que jamais leur rôle à jouer au sein du GHRMSA. « On veut fermer notre service parce qu’on estime que nos patients ne sont pas en sécurité, mais nos collègues de Mulhouse se mettent en grève parce qu’ils n’en peuvent plus et disent justement que leurs patients ne sont pas en sécurité. Ça ne tourne pas rond , lâche un membre du personnel. Le travail en équipe avec Mulhouse est l’une des solutions pour gérer les urgences au niveau du GHR. Ici, on a une équipe tout à fait compétente et capable de prendre en charge ces débordements. » 

« Il faut s’imaginer ce que ça va être, pour la population du Sundgau, la nuit, de devoir aller jusqu’à Mulhouse et y attendre des heures, sachant qu’ils sont déjà débordés. Il faut arrêter de nous parler argent et rentabilité. Pour le moment, on est uniquement dans ce discours-là… » 

Les personnels de Mulhouse et d’Altkirch devraient rester en grève jusqu’au 2 mai, une grève symbolique, puisque la sécurité des patients reste assurée.

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