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GIRONDE VIGILANTE
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23 février 2019

Des urgences saturées

Sud-Ouest du 21 février 2019

grippe dans la région 21

"La Nouvelle-Aquitaine a atteint le pic de l’épidémie de grippe. Au service de régulation du centre 15 de Bordeaux, les assistants régulateurs et les médecins ne chôment pas. Reportage. 

On n’entend pas une mouche voler. La plateforme de régulation médicale attelée à l’hôpital Pellegrin du CHU de Bordeauxturbine. Pas le temps de regarder par la fenêtre au centre 15 de la Gironde. Onze assistants de régulation ce matin de février, en plein pic de grippe, se partagent les coups de fils angoissés. Ici, une syncope, là, une toux avec difficulté à respirer, une fièvre de cheval, un doigt cassé, mal au ventre, une crise de panique, des tremblements... La mort, la maladie, l’accident, la vie au téléphone. Les assistants de régulation médicale gardent leur calme. Parlent doucement, distinctement, casque aux oreilles et micro devant la bouche. Sur le clavier, les doigts pianotent: « Où habitez-vous ? », « Combien de fièvre ? », « Êtes-vous seul ? » 

Trois écrans sont allumés devant chaque assistant régulateur : à gauche, une carte GPS pour identifier le lieu d’appel, au centre, les renseignements sur l’identité de l’appelant, le contenu de sa plainte et à droite, la marche à suivre. Sur la même plateforme, trois médecins urgentistes régulateurs se partagent une table d’écoute, et deux autres médecins généralistes assurent un suivi, juste à côté. « Selon la gravité de la situation, évaluée sur le coup de fil initial, par les assistants, l’appelant est envoyé à l’un ou l’autre des médecins, commente le docteur Eric Tentillier, médecin urgentiste, responsable de l’unité SAMU/SMUR - Centre 15 du CHU de Bordeaux. Ce tri initial est un moment-clé qui répond à l’appréciation de celui qui reçoit l’appel. Selon l’urgence de la situation, il dispatche vers l’urgentiste, vers le généraliste. »"...

grippe dans la région 21 2

Sur la plateforme de régulation au centre 15 de Bordeaux, le docteur Eric Tentillier à la table des médecins urgentistes régulateurs.© Photo Stéphane Lartigue

..."Les complications de la grippe concernent d’abord les personnes âgées. Elles souffrent d’autres pathologies qui les fragilisent. Les services d’urgence saturent partout en Nouvelle-Aquitaine, le manque de lit dans les hôpitaux et les cliniques se fait cruellement ressentir pendant l’épidémie. « Cette épidémie n’a rien d’exceptionnel, remarque le docteur Tentillier, sinon qu’elle est arrivée tard et a démarré très fort. Elle impacte les patients fragilisés et parfois l’aggravation peut aller très vite. Les symptômes sont les mêmes : toux, fièvre, difficulté à respirer, fatigue. Les autres années, l’épidémie débutait mi-décembre. Là, nous avons été tranquilles jusqu’à mi-janvier. »

"Pas de réponse adaptée"

Depuis plusieurs semaines, les services d’urgence ont envoyé une déclaration d’hôpital en tension à l’Agence Régionale de santé. Le docteur Tentillier contrôle sur son ordinateur : Marmande, Pellegrin, Saint-André, Langon, Bergerac, Agen, Arès... « Partout on a des services d’urgence avec des patients qui attendent sur les brancards, regrette-t-il. Depuis plusieurs années, cette saturation s’exacerbe et nous n’avons pas de réponse adaptée. » Il ne veut pas le dire, mais ne nie pas lorsqu’on évoque la surmortalité liée à la grippe. « Les gens qui stagnent aux urgences sur des brancards, forcément... Même si l’objectif des urgentistes est d’identifier les cas les plus urgents, les plus graves, pour qu’ils ne pâtissent pas de cette saturation. Pourtant, je peux témoigner de l’empathie formidable, du niveau de qualité de soin qui existe au sein de ces services. » Sur la plateforme de régulation le temps s’est arrêté. Le 16 février, 2 196 appels ont été reçus en une seule journée, soit 30 % de plus qu’en période ordinaire. Délai de décrochage du téléphone entre 5 secondes et 3 minutes. Objectif : « 99 % des appels traités en moins d’une minute » signale le patron. « Pendant l’épidémie les heures critiques se déroulent entre 19 et 22 heures. Quand les médecins de ville manquent. »

2019_02_21_SO_Grippe_dans_la_région_des_urgences_sous_tensions

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