Sud-Ouest du 15 février 2019
Après les décès dans les hôpitaux de Lot-et-Garonne : il n’y aurait « pas de défaut de prise en charge »
L'Agence régionale de santé enquête sur les décès qui sont survenus dans deux hôpitaux du département. ARCHIVES "SO"
"Après les décès qui sont survenus dans différentes structures hospitalières du département, le directeur départemental de l’Agence de santé fait le point sur les enquêtes en cours.
Éric Morival, le directeur de l’Agence régionale de santé dans le département évoque les différents décès survenus dans les hôpitaux.
"Sud Ouest" Plusieurs décès ont entaché le fonctionnement des établissements de soins ces derniers mois et donné lieu à des procédures. Qu’est-ce que cela traduit, selon vous, de la situation lot-et-garonnaise…
Éric Morival Cela traduit d’abord une situation exceptionnelle puisque plusieurs plaintes ont été déposées ces derniers temps après les décès d’une mère et de son enfant au Pôle de santé du Villeneuvois et un cas de bébé mort né au Centre hospitalier intercommunal de Marmande Tonneins où deux patients sont également décédés aux urgences. Qu’il y ait des décès dans les établissements de soins, ce n’est pas anormal. Tant que ces événements ne sont pas consécutifs à des erreurs ou de mauvaises prises en charge. C’est pour cette raison que nous avons diligenté des enquêtes administratives sur site.
Qu’ont-elles révélé à ce stade ?
Dans les conclusions que nos deux médecins inspecteurs viennent de rendre, il n’est pas fait état d’irrégularités sur les éléments de prise en charge dans le décès de la mère et son bébé à Villeneuve.
"Ce qui aurait pu être amélioré, c’est la coordination entre les équipes"
Je ne dispose pas des résultats de l’autopsie, mais concernant l’accueil dans la maternité, il a été bon. Ce qui, en revanche aurait pu être amélioré, c’est la coordination entre les équipes puisque pour l’accouchement en question, c’est une équipe de médecins de l’hôpital d’Agen qui est intervenue au PSV.
Cela ne doit-il pas remettre en cause ce fonctionnement ?
Sans ce principe au niveau de l’organisation du travail, nous n’aurions pas la couverture médicale nécessaire au fonctionnement des maternités et à leur maintien. Cette organisation est donc essentielle à la sécurité des patients et à une bonne couverture territoriale en termes de prise en charge. Sans ce projet médical partagé dans le cadre du groupement hospitalier de territoire, qui définit par filière de soin les complémentarités, des services seraient amenés à fermer. Pour conclure, l’équipe agenaise qui intervient sur la maternité de Villeneuve est complète, solide et qualifiée. Quant à la maternité de Marmande, où une enquête judiciaire est ouverte pour un bébé mort-né, l’équipe a changé.
Que savez-vous aujourd’hui des décès survenus aux urgences de Marmande ?
D’abord il faut dire que cet établissement se distingue par une hausse très massive de la fréquentation de ce service, avec une moyenne de 80 à 90 visites par jour aujourd’hui contre 60 hier. La première question qu’il faut se poser est de savoir comment on travaille les accueils non programmés. Enfin, sur les décès que vous évoquez, des éléments sont à préciser.
C’est-à-dire…
La patiente diabétique de 62 ans arrivée aux urgences présentait des fragilités. Sa mort n’est pas liée à un défaut de prise en charge puisque cette dame a été vue par l’infirmière d’orientation avant de voir un médecin. Tout ça dans les deux heures après son arrivée. C’est pour cette raison que l’établissement n’a rien signalé en matière de déficit de prise en charge. Comme il n’y en a pas eu de la famille qui peut, avant de déposer plainte, saisir la commission spécialisée des réclamations. Enfin, sur le décès d’un octogénaire le lendemain d’une admission aux urgences pour une fracture du poignet, là encore, la prise en charge par le personnel n’est pas à l’origine du décès. Ce monsieur, avait été victime de plusieurs chutes chez lui avant son arrivée…
Ces événements à répétition ne sont-ils pas le signe de la qualité de ces établissements ?
Non. Il faut savoir qu’au niveau de l’Agence régionale de santé, nous avons l’obligation de fermer un service lorsque la sécurité des patients n’est pas assurée. Ces établissements sont indispensables dans le maillage départemental et doivent rester des activités de proximité incontournables (médecine, maternité et chirurgie) pour répondre aux besoins de la population."...
