Fin de vie

18 décembre 2018

Sud-Ouest du 18 décembre 2018

Sédation : ce qu’ils refusent, c’est son refus

FIN DE VIE Une famille, dont la parente est décédée en maison de retraite, en Dordogne, accuse un médecin et une cadre de santé de ne pas avoir appliqué la loi Claeys-Leonetti

La loi Claeys-Leonetti a instauré un droit à la sédation profonde et continue jusqu’au décès. PHOTO ILLUSTRATION « SUD OUEST »

"Le mardi 4 décembre, une plainte a été déposée contre un médecin et une cadre de santé de l’Ehpad de Nontron, en Dordogne. Dans celle-ci, Sylvie Zielinski les accuse d’avoir refusé d’appliquer une sédation profonde et continue pour soulager sa grand-mère.

Henriette Grignon est décédée le soir même du dépôt de plainte, à l’âge de 96 ans. « Elle n’a pas été accompagnée de la manière qu’il aurait fallu», regrette Jocelyne Lefurgie, la fille de la défunte, appuyant sa nièce dans sa démarche judiciaire. « On nous a plongés dans une douleur qu’elle ne méritait pas et que nous ne méritions pas.»

Sylvie Zielinski rapporte avoir formulé la demande le lundi 3 décembre au matin, après un week-end particulièrement pénible. S’en serait suivi, décrit-elle, un échange houleux avec le médecin. «Il m’a dit: “Je ne vais pas tuer votre grand-mère, je ne veux pas aller en prison.” Je lui ai répondu que ce n’était pas ce que je lui demandais. Ce que je lui demandais, c’était la sédation à laquelle ma grand-mère avait droit pour ne pas souffrir et qu’elle puisse partir en toute dignité.»

Selon le récit fait par la famille, les soins et traitements prodigués n’ont pas suffi à soulager la mourante. Son autre petite-fille, Sophie Ravenaux, confie être hantée par les dernières heures passées à ses côtés: «On voyait qu’elle souffrait à ses cris, son regard, sa manière de serrer ma main, ses “s’il vous plaît”, “je n’en peux plus”, qu’elle disait en soupirant », souffle-t-elle. «Ce qu’on a vécu avec notre grand-mère, on ne le souhaite à personne.»

«Cela doit servir à d’autres»"...

Un courrier a été adressé à l’Ordre des médecins de la Dordogne, l’Agence régionale de santé et la direction de l’établissement pour dénoncer le comportement du médecin et de la cadre de santé: «À l’inverse d’eux, les infirmières et les aides-soignantes ont été avec nous d’une grande humanité.» Sollicitée la semaine dernière, la direction de la maison de retraite nontronnaise n’a pas souhaité s’exprimer: «Nous ne sommes dépositaires d’aucune plainte, nous n’avons de fait aucune information à communiquer.»

La plainte a peu de chance d’aboutir dès lors qu’aucun écrit n’avait été laissé par Mme Grignon précisant ses volontés. Reste que pour sa famille, la sédation demeurait la voie la plus compatissante qui s’offrait à leur parente dans les derniers jours de son existence: «Si cela ne nous sert pas à nous, cela doit servir à d’autres.»"...