Encore une décision prise au dernier moment par l'Agence Régionale de Santé (ARS) et qui n'a pas permis à la Clinique Mutualiste de Lesparre d'avoir le temps de recruter des internes pour la période estivale. 

Centre de soins et d'urgences primordial dans une région hautement touristique, il est totalement incompréhensible que l'ARS réduise de façon aussi drastique le nombre d'internes durant la saison estivale.

Ces derniers mois le nombre de dysfonctionnements mis en exergue dans les médias ne devrait-il pas, au contraire, amener l'ARS à faire son maximum afin d'éviter d'autres drames.

Sud-Ouest du 28 juin 2018 par Julien Lestage avec Arnaud Larrue

Lesparre : le service des urgences de la clinique sonne l’alarme 

SANTÉ Le directeur de la structure dénonce la baisse des affectations du nombre d’internes. À la veille de la saison, c’est compliqué

lesparre le service des urgences

«J’étais particulièrement énervé. Parfois, ils ne se rendent pas compte des conséquences des décisions qui sont prises.» Yann Pilatre, le directeur de la clinique de Lesparre, propriété du Pavillon de la mutualité, n’est pas un cadre qui a pour habitude de sortir de ses gonds. 

Mais avec la mauvaise nouvelle qui lui a été annoncée à la fin du mois d’avril, il peine aujourd’hui à ne pas manifester son irritation. La raison de cette colère est la modification du processus d’affectation des internes. 

Une réaffectation des internes 

Une décision nationale ayant pour effet, cette année, d’orienter plus d’internes dans les services de gynécologie et de pédiatrie. La mesure a bien pris effet au mois d’avril. Elle a notamment pour conséquence de priver les services des urgences des cliniques de ces personnels qui travaillent avec les médecins titulaires urgentistes

«Fin avril, lorsque nous avons reçu la fiche des affectations, il n’y avait que deux noms couchés sur le papier alors que l’année dernière il y en avait cinq. On aurait apprécié d’être mis au courant au moins un an à l’avance pour pouvoir nous organiser », résume Yann Pilatre. 

Pour le service des urgences de la clinique de Lesparre, qui doit assurer la saison estivale avec 100 à 120 passages par jour, cette diminution des affectations des internes représente un gros problème. «On manque d’urgentistes en France. Le recrutement est quasi impossible. Dans le fonctionnement, nous avions trouvé un équilibre avec deux urgentistes et un interne pour faire tourner le service en plein été. Ce qui est déjà une performance. Avec ce pool d’internes réduit à deux personnels, l’équilibre est rompu », précise encore Yann Pilatre. Pour le mois de juillet, la clinique a fini par boucler son recrutement « en faisant venir des médecins de partout». En revanche, pour le mois d’août, le recrutement est loin d’être bouclé. «Nous n’avons pas de candidat. Nous avons de gros trous à combler dans notre planning», relaie encore le directeur de la clinique lesparraine. Entre le 10 juillet et le 25 août, le service des urgences de cette clinique concentre 30 % de son activité annuelle. L’année dernière, la clinique avait enregistré 19 000 passages. 

Les pistes de l’ARS… 

Contacté hier par « Sud Ouest », l’Agence Régionale de Santé (ARS) Nouvelle Aquitaine, assurait être consciente de la situation de la clinique de Lesparre. «Nous cherchons à les accompagner. Nous avons l’habitude de travailler ensemble. » Catherine Lemercier, directrice adjointe de la délégation Gironde de l’ARS Nouvelle Aquitaine, évoquait trois pistes. La possibilité de faire appel a des « faisant fonction d’interne», de réaffecter des internes qui sont envoyés en cabinet libéral et puis de faire appel à des médecins seniors qui sont en poste dans d’autres établissements et qui pourraient venir en renfort été. En début de semaine, dans le cadre de la réunion de bilan que tient chaque année la structure de soins, Yann Pilatre a donc tiré la sonnette d’alarme en présence du député Benoit Simian, des conseillers départementaux Pascale Got, Sonia Colemyn et Grégoire de Fournas, ainsi que Jean-Brice Henry, président de la Communauté de communes Médoc Cœur de Presqu’île et du maire de Lesparre, Bernard Guiraud. Dans la foulée de cette réunion, le député Simian a fait parvenir un courrier à la ministre de la Santé Agnès Buzyn.