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GIRONDE VIGILANTE
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4 mai 2018

Suite au décès d'un nourrisson en 2011, la clinique de Lesparre condamnée

2018 05 02 SO La clinique de Lesparre condamnée

Sud-Ouest du 2 mai 2018 

«L’équipe médicale m’a caché la vérité» 

LESPARRE La Clinique mutualiste du Médoc est condamnée à indemniser une mère à la suite du décès de son enfant, en 2011

l'équipe médicale m'a caché la vérité

Corinne Barré et son avocat, Jean-Christophe Coubris : «Ma vie a basculé et c’est, depuis, très difficile de me reconstruire ». J-M.D.

Corinne Barré était une femme et future mère heureuse, au moment de mettre son enfant au monde le 1er octobre 2011. Une fille prénommée Waimea, en référence au spot de surf hawaïen. « C’était mon rêve de pratiquer ce sport qui me passionnait », lâche celle «qui a tout perdu», il y a maintenant plus de six ans. « Je n’oublierai jamais. Il n’y a rien de pire pour une mère que de voir partir son enfant après sa naissance.»

Corinne Barré est une battante. Elle s’est donc lancée dans un long combat judiciaire contre la Clinique mutualiste du Médoc, à Lesparre, dépendant du Pavillon de la mutualité.

Après plus de six années de procédure, la 6e chambre civile du tribunal de grande instance de Bordeaux a rendu son jugement le 21 mars 2018 et déclaré le Pavillon de la mutualité responsable des dommages consécutifs à la naissance de Waimea, née en état de mort apparente, et à son décès survenu six jours plus tard. Le préjudice d’affection, d’accompagnement et les souffrances endurées ont été indemnisés par les magistrats.

« L’argent ne remplacera pas ma fille », s’empresse de souligner Corinne Barré. «Ma vie a basculé et c’est, depuis, très difficile de me reconstruire. La procédure a entretenu la souffrance. Après être revenue aux urgences dans la nuit du 6 octobre, j’ai subi une éviscération au niveau de la cicatrice de la césarienne et j’ai dû être réopérée. Les séquelles de cette opération m’ont contrainte à me déplacer en fauteuil roulant. J’ai dû changer de métier. Heureusement, j’ai eu le soutien de mes parents et de ma famille.»

Décédée six jours plus tard

Corinne Barré, ambulancière à l’époque, a débuté sa grossesse fin décembre 2010. Elle devait accoucher le 25 septembre 2011. Pendant neuf mois, tout s’est très bien passé. A J +1 et J +4 du terme prévu, la future maman se rend à la clinique, où les médecins réalisent une échographie, un bilan sanguin, des examens bactériologiques et urinaires et observent l’enregistrement du rythme cardiaque fœtal. Tout est normal. À J +5, Corinne Barré est à la clinique et son accouchement est programmé puis, finalement, le gynécologue obstétricien la renvoie chez elle. De retour à son domicile, la future maman passe une nuit agitée. Le lendemain 1er octobre au petit matin, ayant des contractions, elle appelle la sage-femme qui lui demande de rejoindre la maternité en urgence. Il est 9 h 35 quand elle entre en salle et 12 h 30 quand elle est au bloc, prise en charge par le gynécologue qui pratique une césarienne sous péridurale.

L’accouchement s’avère difficile. Le bébé est extrait en état de mort apparente, victime d’importantes séquelles neurologiques. Une réunion éthique multidisciplinaire se déroule le 6 octobre. À l’issue, il est préconisé l’arrêt des thérapeutiques actives avec maintien des soins palliatifs. Corinne Barré donne son accord et Waimea est transportée au CHU de Bordeaux, où elle décédera le lendemain dans la soirée.

«Il y a eu un problème de lecture du monitoring, analyse l’avocat de la mère, Me Jean-Christophe Coubris. Ce bébé a survécu dans des conditions terribles. Les médecins ont pris des risques inacceptables car, quand ma cliente arrive, on voit que le cœur de l’enfant ne va pas. Nous étions par conséquent dans une situation d’extrême urgence et ce cas devait être une priorité. La veille, déjà, un choix aberrant avait été fait en lui demandant de rentrer chez elle. Il y avait pourtant des paramètres inquiétants qui auraient dû alerter. La prise en charge a été catastrophique et il n’y a eu ensuite aucune empathie.»

«J’ai culpabilisé…»

Corinne Barré habite Pauillac et avait toute confiance en la maternité du secteur, la Clinique mutualiste du Médoc, qui jouit d’une sérieuse réputation. « J’y allais sans appréhension mais désormais je sais que l’équipe médicale m’a caché la vérité. Tout le staff s’est protégé. J’ai culpabilisé, jusqu’au rapport d’expertise, rendu en mars 2014 par le docteur Boutin, de la cour d’appel de Paris, concluant notamment que la césarienne a été pratiquée avec du retard après 3 h 50 d’un rythme anormal à haut risque dû à un manque d’apport d’oxygène au fœtus.»

Aujourd’hui, Corinne Barré ne parvient pas à côtoyer des enfants en bas âge. À chaque Noël et Fête des mères, elle dit éprouver un manque. «J’avais tout préparé dans la chambre de la petite mais elle est restée désespérément vide…»

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